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Alpha-mannosidose : Etude de la fonction intellectuelle chez les patients

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L’évaluation du déficit intellectuel et son évolution au cours du temps sont très rarement rapportées dans les publications faites chez les patients atteints d’alpha-mannosidose. C’est pourtant un élément important de questionnement des familles (scolarité, autonomie…) et un enjeu d’efficacité pour les traitements proposés ou à venir.

alpha.pngUne équipe composée de cliniciens américains, australiens et nouveaux-zélandais a évalué le quotient intellectuel (QI) de 12 patients pour en suivre son évolution selon l’âge. Ces évaluations ont été menées en 2009 et 2012. Les tests* utilisés différaient selon l’âge du malade, la sévérité du trouble cognitif et les capacités motrices fines. La notion de déficience intellectuelle est portée lorsque la valeur du QI est inférieure à 70. Parmi les 12 patients inclus dans l’étude, le plus jeune (8 ans) avait bénéficié au préalable d’une greffe de cellules de sang de cordon. La mesure de son QI au moment de l’étude était de 95. Les 11 autres patients étaient âgés de 25 à 59 ans et la moyenne des QI du groupe était de 37 (valeur individuelle allant de 20 à 48). Excepté pour un patient où 2 mesures de QI à 5 ans d’écart ont été faites, le QI des autres patients n’a été mesuré qu’une seule fois.

Une droite a été établie en reliant l’âge des patients et leur QI (modélisation dite par régression linéaire simple). Cette droite indique un déclin de 0.74 points de QI par an entre 25 et 59 ans (âges extrêmes du groupe des 11 patients non traités étudiés). En enlevant le résultat du patient le plus âgé, pouvant être considéré potentiellement comme un cas particulier, la modélisation reste semblable (perte de 0.76 point par an) mais devient non significative.

A la suite de cette analyse, l’équipe a recherché dans la littérature les cas cliniques décrits pour lesquels une évaluation du QI était indiquée. 10 patients ayant bénéficié d’une greffe de cellules souches hématopoïétiques (HSCT) et 27 patients sans traitement ont ainsi pu être réunis.

Dans un premier temps, les QI des patients de la littérature ont été comparés à ceux du groupe de patients étudiés par l’équipe. Puis, l’ensemble des QI des patients (littérature et ceux de l’étude) a été regroupé afin de comparer les QI des patients traités par une greffe (HSCT) et ceux non traités.

Les patients non traités issus de la littérature étaient plus jeunes que les patients de l’étude, avec une moyenne d’âge de 8 ans (allant de 0.6 à 26 ans). Pour 14 d’entre eux, plusieurs mesures de QI étaient disponibles à différents âges (de 2 à 6 mesures selon les patients). Leurs résultats montrent un déclin du QI plus important dans la première décennie de vie1.

En groupant les résultats de tous les patients non traités, les auteurs montrent qu’entre 0 et 20 ans la perte de QI par année est plus importante qu’après 20 ans 1, respectivement 1,89 points par an et 0,56 point par an (mais la méthode pour obtenir ces chiffres est différente).

Chez les 11 patients ayant bénéficié d’une greffe (HSCT), 6 ont des mesures de QI obtenues avant puis après la greffe. D’une manière générale, la greffe est précédée d’un important déclin du QI. 4 patients ont été greffés avant l’âge de 10 ans, le traitement a permis d’obtenir une stabilisation (parfois une légère amélioration) de leur QI (dont les valeurs restent au-dessus de 70). Pour les 2 patients greffés après l’âge de 10 ans, le déclin de leur QI a été ralenti. L’article n’indique pas la durée d’observation de ces résultats après la greffe (mois, années ?).

Dans le groupe des patients ayant moins de 20 ans, on trouve un QI supérieur à 50 chez 80% (8/10) des patients greffés (HSCT) et 54 % (15/27) des non traités.

Dans leur conclusion, les auteurs indiquent que la plupart des patients (littérature et étude), mais pas tous, montrent une déficience intellectuelle (QI inférieur à 70). Des études longitudinales (suivi du même patient sur plusieurs années) plus grandes sont nécessaires pour mieux expliquer le schéma du déclin cognitif (perte mémoire à court terme, mémoire du travail et des fonctions exécutives). Une précédente étude menée chez 35 patients âgés de 6 à 35 ans, montrait que sur le plan cognitif, les personnes malades prenaient de plus en plus de retard sur leurs pairs du même âge.

La greffe (HSCT) semble stabiliser le QI, cependant il est nécessaire de confirmer cette observation par des études plus importantes en nombre de patients et suivi sur le long terme.

* les scores aux tests sont présentés selon des scores standards (moyenne de 100 +/- 15) afin d’en faciliter leur comparaison.

[/Delphine GENEVAZ/]
décembre 2019

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